Il est six heures quinze, une pluie fine me tapote le peu d’espace qu’il y a entre le bas de mon bonnet que j’utilise pour occulter la lumière et qui m’arrive juste au dessus du nez et ma doudoune qui s’arrête en dessous de mon nez. Je lance un “il pleut”. Tout le monde se réveille. Tout le monde range son sac de couchage.
(le campement la veille)
Nous replions le reste de nos affaires, avalons une confiserie et partons. Pour Nicolas, le diagnostique est tombé: il a une infection urinaire. Nous nous dirigeons donc vers le médecin le plus proche qui se révèle être l’hôpital de campagne d’Echinos.
Après une pause déjeuner un peu plus consistente sous un pont et une bonne montée, nous arrivons sur place. Il est huit heures, Nicolas est le seul patient dans l’hospice, tout le monde s’affole autour de lui. Le diagnostique est confirmé par le médecin. Toutefois, pour prescrire l’antibiotique idéal il faudrait réaliser un antibiogramme et le petit hôpital n’est pas assez équipé pour cela. Le docteur opte pour un antibiotique à spectre large. Il faudra espérer que cela fasse l’affaire.
Il rédige l’ordonnance et nous fait part de son intention de postuler à l’hôpital d’Orléans. Il est en plein apprentissage du français. Le monde est petit. Peut-être à cause de cette coïncidence, le toubib envoie l’ambulancier chercher les médicaments à la pharmacie qui se situe à seulement cinq cent mètres et régle les trois euros du médicament. Tout semble un peu surjoué.
Pendant ce temps, les infirmiers questionnent Nathan et moi sur notre voyage et traduisent nos réponses à ceux qui ne parlent pas anglais. Nous remercions tout le monde plusieurs fois et repartons direction la frontière. Nous longeons la rivière qui nous a bercée toute la nuit: le Kosynthos.
Il ne nous reste plus que quatre kilomètres, toujours en montée, lorsqu’une cimenterie apparaît au-dessus de nous. Un replat s’annonce et dévoile un grand chantier. Un employé nous apprend que du côté bulgare la route est terminée mais du côté grec cela devrait prendre encore six mois. La bourde nous a fait perdre onze kilomètres et trois cents cinquante mètres de dénivelé.
Direction l’autre frontière plus à l’est, deux montées s’enchaînent pour finalement atteindre la frontière. Durant la seconde, les piverts nous accompagnent avec leurs mélodies syncopées. Au niveau du sol, des euphorbes avec leurs tons jaunes et verts tranchent avec la monotonie de la palette hivernale.
Nous arrivons en Bulgarie le jour de la fête nationale. C’est ce jour en 1878 que la Bulgarie gagna son indépendance du joug ottoman.
Que retiendrons-nous de la Grèce? Il y a un réel problème avec les chiens. D’un côté, ceux qui ont un propriétaire qui ne font qu’aboyer, vous courir après ou essayer de vous mordre. De l’autre, les chiens errants, décharnés, frémissants de froid qui fendent le cœur. Nous nous rappellerons aussi des centaines de maquettes d’églises orthodoxes le long des routes pour commémorer les accidents de circulation.