Le propriétaire du verger nous réveille avec un petit-déjeuner copieux:
C’est mieux que la plupart des petits-déjeuners payants de ce voyage.
Nous insistons pour payer mais il refuse obstinément. Il sort une liasse de billets de l’équivalent de dix euros épaisse comme le poing.
Nous quittons l’ombre des arbres pour faire quelques kilomètres. Nous prenons ensuite notre deuxième petit-déjeuner. Des gosses s’arrêtent, nous échangeons nos bouteilles de lait, qui ne feront pas long feu sous ce soleil, contre une bouteille de soda et des gâteaux.
Nouvel arrêt dans la banlieue d’Andijan. Nous nous rafraîchissons avec des sorbets sous la devanture d’un magasin. Soudain, un bruit de frein puis celui d’un pneu qui éclate et enfin de la tôle se froissant. Une petite voiture n’a pas freiné au feu et s’est arrêtée grâce au trottoir et à un minibus stationné. Trois passants s’occupent de remettre la voiture sur la route. Les gosses autour de nous rigolent. De notre côté, nous nous estimons heureux d’avoir quasiment traversé le pays de part en part sans avoir été impliqués dans un accident.
Nous ressortons de la ville par une montée, la température atteint quarante-cinq degrés au soleil, nouveau record. La chaleur nous assoiffe, nous sélectionnons une pastèque de dix kilogrammes sur une étale au bord de la route. Nous nous installons sur une table, la famille dont c’est le stand nous offre du pain, des noix et des fruits. Nous glissons un pourboire sous une assiette.
La voiture d’un local s’arrête et sa famille nous rejoint à table. Il souhaite une pastèque mûre mais ne sait pas les sélectionner, le producteur non plus. Il découpe le chapeau de quatre pastèques avant d’en trouver une qui puisse satisfaire son client. Les pastèques étêtées sont retirées de la vente.
Nous repartons le ventre boursouflé de tout ce liquide. La route qui mène à la frontière est un long faux plat montant avec, tout le monde l’aura deviné, vent de face. Les kilomètres défilent lentement mais nous touchons enfin au but.
Le contrôle des passeports prend une éternité, comme à son habitude. Dans la zone morte entre les deux pays, nous rencontrons un couple de francophones voyageant en train. Leurs visas ne commencent qu’à minuit, ils patientent donc dans les limbes entre les deux frontières. Après une heure à faire la queue et une autre dans le décalage horaire, nous posons enfin les pieds sur le sol kirghize. Les derniers gardes-frontières nous donne des conseils touristiques et un pain.
Nous entrons maintenant dans la ville d’Osh, première ville kirghize après la frontière et seconde ville la plus peuplée du pays. Nous descendons l’avenue faisant la jonction entre les deux pays à la recherche d’un distributeur de billets. Une fois trouvé, il nous fait dénicher un vendeur de carte SIM. Le seul que nous rencontrons ferme devant nos yeux. Après quelques heures sans internet, nous tombons enfin sur le logement qui doit nous accueillir.
Mon maillot de vélo après quatre jours