Nous replions la tente pour prendre notre petit-déjeuner sous la voie ferrée, à l’ombre.
Nous longeons la rivière Ahangaran et ses retenues d’eau qui alimentent des barrages hydroélectriques. Les paysages sont magnifiques. Il y a des airs de gorges du Verdon avec des teintes plus ferreuses.
Les difficultés s’enchaînent, la dernière c’est vingt-six kilomètres à six pour cents de moyenns.
Les métaux lourds sont contre nous. Le soleil est de plomb et le mercure atteint les quarante degrés. Nous ressentons d’autant plus la chaleur car le dénivelé positif nous ralentit. Nous décidons de prendre quelques heures de répit au bord de la rivière. Nous voulons nous baigner mais le courant nous emporterait. Nous construisons une petite digue avec les cailloux qui forment les rives.
C’est le moment de tester notre filtre à eau pour le Kyrgyzstan. Nous remplissons une poche à eau dédiée, vissons le filtre et laissons faire la gravité pour remplir une autre poche à eau avec plus de contenance. Une fois cette dernière remplie, nous ajoutons un comprimé à base d’ions d’argent et laissons agir deux heures.
Pendant toutes ces manœuvres, nous recevons la visite de deux militaires à cheval, il est interdit de les photographier malheureusement. Notre mur déviant le courant terminé, nous baignons nos pieds. L’eau est si froide que nous ne restons que quelques minutes dans l’eau. Nous finissons de nous reposer sous une voie ferrée, sur la même ligne que ce matin.
Les six premiers kilomètres de la montée sont plutôt roulants. En revanche, ensuite c’est une montée continue et raide avec quelques épingles.
Pendant l’effort, Nicolas décroche plusieurs fois. Mais il s’accroche à des poids lourds allant guère plus rapidement que nous pour revenir à notre niveau. Nathan, qui n’est pas en difficultés, s’y met aussi. Il se fait tracter sur plus d’un kilomètre plusieurs fois. De mon côté, orgueilleux, je fais tout à la pédale.
Tous les cinq cents mètres, une arrivée d’eau et une bassine sont mises à disposition des automobilistes. C’est du refroidissement manuel.
Après une vingtaine de kilomètres d’ascension, nous retrouvons notre ennemi juré: le tunnel. Un militaire nous arrête à l’entrée. L’accès est impossible aux vélos. Il nous indique une route qui surplombe le tunnel. Pour la rejoindre, il faudrait redescendre sur plusieurs kilomètres puis remonter. Nous commençons à faire du stop.
Après quelques minutes sans succès, le soldat revient vers nous et demande nos passeports. Il part avec faire un contrôle ou en tout cas c’est ce que nous supposons. Il revient et, comme par magie, nous sommes autorisés à passer. Il s’est passé six heures trente (dont la moitié à vélo) entre le commencement de la montée et le col que nous atteignons enfin à 2188 m’êtes d’altitude, le sommet du voyage pour le moment. Nous avons perdu vingt degrés dans l’ascension.
Nous basculons, les premiers kilomètres de descente nous permettent de rouler à soixante-dix avec une pointe à quatre-vingt. Nous regagnons un degré par centaine de mètres d’altitude perdue.
Nous nous arrêtons sur le côté de la nationale à l’extérieur d’un verger.