Nous partageons notre petit-déjeuner avec les fourmis, les mille-pattes et les cloportes.
Retour sur l’A-380 qui reste fidèle à elle-même: cinq cents mètres de billard pour deux kilomètres de nids de poule. Nouvelle excentricité toutefois, nous trouvons cinq héliports sur les huit premiers kilomètres. Ils se trouvent à même la route et mesurent un diamètre égal à la largeur de la chaussée.
Sur le bas côté, les agriculteurs vendent du lait de chamelle fraîchement trait. Étant donné l’état de nos systèmes digestifs, nous ne tentons pas l’expérience.
Nous arrivons à Qarshi et quittons l’A-380. Nous aurons parcouru la quasi intégralité de ses mille trois cents kilomètres: de Beyneu côté kazakh jusqu’à Guzar qui est la dernière grosse ville avant la frontière afghane à cinquante kilomètres de Qarshi.
Nous prenons sa petite sœur: l’A-378. Nous traversons maintenant le pays de la pastèque. Étant données nos capacités de transport, nous nous contentons d’un melon dégusté sur le bord de la route.
L’A-378 n’est guère en meilleur état que sa grande soeur. Nous ne différencions plus les klaxons d’encouragement des klaxons de reproche. Les automobilistes se plaignent que nous ne serrons pas assez à droite alors qu’ils n’y mettent même pas leurs pneus tellement la route est défoncée, ironique. Si l’un d’eux nous sert trop, le concert de klaxons se transforme en opéra: les invectives fusent.
Le pays a un surplus de panneau douze pour cents: le moindre faux plat à deux pour cents a son panneau douze pour cents, les descentes aussi ont leur panneau montée douze pour cents.
Au quatre-vingt-dixième kilomètre, la route se transforme enfin en quatre voies et le revêtement s’améliore. Nous n’en profitons pas beaucoup: Nathan, toujours convalescent, n’en peut plus. Nous nous arrêtons en haut d’une petite montée pour la nuit.