Cyclisme Aventure Bikepacking Ouzbékistan

J+134 Meshekli -> Bukhara

J+134 Meshekli -> Bukhara

Reveil derrière une dune, le vent a soufflé si fort qu’il a ensablé la tente de Thibault. La maille de la nôtre est assez fine, la quantité de sable qui s’est infiltrée est minime. J’ouvre la fermeture éclair et un scarabée est en train de percer l’opercule du beurre de cacahuètes. Je projette cet insecte, en quête de sensations fortes, de quelques mètres avec une bonne pichenette.

image

Thibault part s’échauffer devant car il trouve les premiers relais compliqués à froid. Nous nous retrouvons au premier café, trente kilomètres plus loin, les muscles chauds.

image

Ici, l’A-380, le nom de la nationale, est en parfait état. Elle est constituée de dalles de bétons, un peu à la manière d’une piste d’atterrissage, très probablement plus résistantes aux grosses chaleurs que le bitume.

image

Deuxième arrêt dans un petit restaurant au bout de soixante-dix kilomètres car tout le monde est un peu à la peine. Pas de sieste aujourd’hui, un vent favorable se lève. Nous nous hâtons de finir de manger et réenfourchons les bicyclettes qui ont eu le temps de se recouvrir d’un léger voile sablonneux.

image

Le vent est bien là et bien dans le dos! Thibault, avec son mono-plateau, n’arrive pas à suivre. Ses vitesses le limitent aux alentours de quarante, nous tournons à cinquante kilomètres à l’heure. D’un commun accord, nous le décrochons.

Nous nous retrouvons lors de notre pause quatre heures. Il engloutit deux canettes de cinq cents millilitres de boisson énergisante et nous expose son plan de rallier Bukhara aujourd’hui. Cela représenterait une étape de plus de trois cents kilomètres. Il ne s’attarde pas sur les détails et repart aussi sec. De notre côté, nous sommes plus réticents: trois cents kilomètres voudrait dire que nous n’avons pas encore atteint la moitié et il est déjà seize heures passées.

image

Nous finissons tranquillement notre en-cas et repartons sans autre but que de battre notre record de distance sur ce voyage qui est de cent quatre-vingt-cinq kilomètres lorsque nous avions rejoint Izmir, en Turquie.

Nous atteignons les deux cent dix kilomètres, plus d’A-380 mais plutôt un Boeing 737 MAX, c’est-à-dire un truc bien pourri. La route se dégrade d’un coup. C’est un gros coup au moral, nous nous étions habitués au revêtement propre. Pour enfoncer le clou, le soleil se couche et le vent se calme.

image

Nous persévérons dans l’espoir que la piste d’atterrissage revienne. Nos efforts ne sont pas vains, la route s’améliore. Le problème étant qu’à tout moment, il n’y a qu’un côté de la chaussée qui est terminé. Le côté terminé alterne: une fois ce sont les deux voies de droite, après ce sont celles de gauche, puis retour à droite, ad vitam eternam. A chaque fois, il faut traverser le terre-plein central en graviers et les ralentisseurs qui l’annoncent. Autant dire que le progrès est lent.

Nathan se met en tête de passer la barre des trois cents kilomètres aussi. Je le mets donc devant pour qu’il fasse autant de relais que moi. Nouveau problème: nous n’avançons plus. Je termine devant.

Dernière pause dans un petit supermarché pour un soda et une barre chocolatée. Nous apprendrons plus tard que Thibault était à quelques hectomètres devant à ce moment-là.

Il est vingt-trois heures et nous sommes dans notre chambre d’hôtes. 306 kilomètres parcourus en un peu moins de 10 heures de selle, il est l’heure d’aller dormir après un dîner à base de flocons d’avoine avalé en deux minutes.

comments powered by Disqus