Après une bonne nuit de repos, nous prenons la direction du musée qui occupe la place centrale de Nukus à quelques centaines de mètres de notre maison d’hôte. Il est majoritairement consacré aux artistes de l’avant-garde russe des années vingt dont le style était en opposition avec le réalisme promu par l’URSS et le culte de la personnalité stalinienne.
Beaucoup de ces artistes ont d’ailleurs été persécutés par le pouvoir en place et ont dû fuir leur pays, la plupart vers la France. Nous retrouvons des scènes parisiennes, provençales et auvergnates saupoudrées parmi les toiles décrivant le désert ouzbek. Décidément, ici tout est affaire de contraste.
Une exhibition attire particulièrement notre œil. Elle présente des scènes de pêche dans des villes au bord de la mer d’Aral, qui est en réalité un lac, située à trois cents kilomètres au nord de Nukus. Ce sont maintenant des villages désertiques et désertés comme celui de Muynak. Les cultures du riz et du coton, omniprésentes dans la vallée, ont tellement ponctionné d’eau aux fleuves abreuvant la mer, l’Amou-Darya et le Syr-Darya, qu’elle se réduit à peau de chagrin depuis les années soixante.
Le musée contient aussi des habits traditionnels en soie, des bijoux ornant ces costumes ainsi que des sculptures sur différents supports: bois, roche, chamotte (un type d’argile).
Parmi les peintures, certaines décrivent la ville de Khiva au sud est d’ici. Nous sommes intrigués, ce sera notre prochaine étape.
Il y a même des peintures d’Issyk Kul, le gigantesque lac que nous espérons longer au Kyrgyzstan, un avant goût des mois à venir.
Nous ressortons dans la chaleur étouffante pour faire des courses pour la journée de demain. Retour à la chambre où il est maintenant l’heure de faire de la mécanique. Le sable du désert est très abrasif pour nos transmissions et se glisse partout, un gros nettoyage est nécessaire. Nous préparons aussi nos bagages pour demain, voilà à quoi ressemble notre stock d’eau.
La journée se termine autour d’un dîner à base de pâtes au fromage avec Thibault en nous remémorant les péripéties de nos périples respectifs.