Le soleil vient toquer à la porte de notre tente, il est sept heures trente. Tout le monde debout.
Il fait trente degrés lorsque nous nous apprêtons à partir. Nous décidons d’essayer les chemises ouvertes.
Nouvelle journée, nouveau vent de face, nous prenons l’habitude. Nous parcourons quelques kilomètres et descendons dans la vallée de l’Amou-Daria, un des gros fleuves ouzbeks. C’est la première descente de l’Ouzbékistan.
Le contraste est stupéfiant. Nous passons de la palette désertique couleur sable (qui l’eût cru) à des verts prononcés en l’espace d’un kilomètre. Nous distinguons des arbres au loin, ce sont les premiers que nous apercevons depuis notre atterrissage à Aktau au Kazakhstan. Chose encore plus surprenante, des cours d’eau verdâtres font leur apparition. Les rizières et cottoneraies qui bordent la route attisent l’espoir que nous soyons sortis de ce désert vide de vie.
Peu après ce changement brutal mais bienvenu, nous rattrapons Thibault sortant d’un restaurant. Un relayeur de plus dans le groupe, étant donné ce vent de face, est opportun.
Nous avançons à bonne allure étant données les conditions, surtout que les relais de Thibault sont véloces. Nous décidons de pousser jusqu’à Nukus aujourd’hui. Cela représente une étape de plus de cent soixante kilomètres mais un jour de repos nous attend au bout.
Nous sommes à une trentaine de kilomètres du but et la route renoue avec ses démons. La chaussée se dégrade très vite et nous nous rendons compte que la fin va être difficile.
Nous prenons un raccourci pour abréger nos souffrances dans une zone résidentielle. La route est neuve mais pas entièrement terminée. Tout le monde reste au centre de la chaussée sur les graviers sur les passages en construction, à l’exception de Nathan qui décide de passer sur le côté. Il prend une barre de fer verticale qui délimite la future route au niveau de son sac de fourche. Je me retourne, je vois le vélo à terre et Nathan qui se jette dans le fossé. Nous nous estimons heureux, c’est encore une chute sans conséquence.
Nous entrons dans Nukus à la tombée de la nuit et il nous faut encore trouver où dormir. Le premier hôtel nous annonce des prix exorbitants, nous passons notre chemin. Je trouve une maison d’hôte très bien située au cœur de la ville à quelques kilomètres. C’est le dernier effort de la journée, promis!
Nous arrivons enfin dans une chambre d’hôte où nous rencontrons un couple de sexagénaires français. Ils ont emprunté plus ou moins la même route que nous mais en side-car.
A l’arrivée, j’ai un costume de squelette en surimpression sur mes gants à cause de la sueur.