Nous avons décidé de poser nos matelas en contrebas du monastère. Bercés par les coassements des amphibiens de la mare voisine et les aboiements des chiens chassant les coyotes (ou l’inverse), nous nous endormons paisiblement. Il est une heure cinquante-huit, une fine pluie nous extirpe des bras de Morphée et nous contraint à déployer la toile. Deux heures quatorze, tout le monde est recouché au sec.
Nous descendons sur la ville minière de Chiatura. Les exploitations de manganèse longent la route. Certaines, en hauteur, sont reliés au chemin de fer via des câbles porte-charge. Nous nous croirions presque dans une station de ski avec tous ces téléphériques.
Nous quittons les bords de la rivière Kvirila et attaquons les reliefs. Cela commence par dix-huit kilomètres suivi de cinq kilomètres, toutes les deux à quatre pour cents de moyenne. La progression est lente et intercalée de pauses en-cas. Nous atteignons les neuf cents soixante-deux mètres d’altitude. Nous ne sommes pas récompensés, la descente est un long faux plat.
Durant la descente, nous longeons la région indépendentiste d’Ossétie du sud. C’est une région cherchant à se détacher de la Géorgie pour rejoindre la Russie. La démarcation ne semble pas très lisible d’où nous nous tenons. Un chien passe entre les jambes de son maître pour courir après Nicolas pendant une bonne centaine de mètres à ce moment-là.
Une fois le faux plat terminé, nous relançons notre partie de slalom avec l’autoroute. Cette fois, elle est à notre droite tandis que le chemin de fer est à notre gauche. Un cheminot nous encourage d’ailleurs à coups de klaxon depuis son train de marchandises.
Il est dix-huit heures, nous décidons de pousser jusqu’à la ville de Gori quarante kilomètres plus loin pour dormir au sec. La pluie a fait son apparition et elle ne nous quittera plus jusqu’à notre arrivée. Nous sommes sur place à vingt-et-une heures fatigués de notre aventure du jour.