Nous avons dormi dans un parking souterrain dans un bâtiment en construction. Une première pour nous et ce sera une aussi une dernière. Le problème étant qu’un groupe de chiens errants a choisi de dormir au dessus de nous. Chaque chien errant étranger au groupe passant dans les environs déclenche un concert d’aboiements.
Nous repartons, encore endormis, sur la nationale. Chaque commune a sa propre usine de transformation de thé. C’est une grande soufflerie qui permet de flétrir les feuilles de thé fraîches, les entreposer et les sécher une fois oxydées.
Une de ces communes, Panzar, se distingue des autres. Le paysage est simplement sublime. Au premier plan, la mer noire s’étend lisse comme un vinyl bleuté. Ensuite, viennent de petites habitations qui bordent la nationale. Évidemment, les buissons de thé boursouflent les collines en arrière plan. Enfin, les monts enneigés et le ciel complètent le tableau. Malheureusement, la photo ne rend pas justice à ma description. Il aurait fallu traverser la nationale pour cela et nous aurions perdu beaucoup de temps.
Nous perdons plus de cinq kilomètres à l’heure par rapport à hier car le vent nous est défavorable aujourd’hui. Nouveau tunnel, nouveau tour de magie: le vent se met dans notre dos.
Les collines sont tellement raides que lorsque des pluies font trop grossir les cascades des éboulements se déclenchent. Nous en faisons les frais, après avoir ignoré un panneau route fermée, en devant passer les vélos par dessus le terre-plein central.
Nous en croiserons d’autres plus loin. Les impacts des pierres sont autant de nids de poule dans la route.
Nous arrivons à Hopa, les camions ont condamné les voies extérieures de la route. Nous sommes à vingt kilomètres de la frontière.
Toutes les nationalités des pays alentours sont représentées :
Et bien sûr géorgien et turcs. Nous avançons et les poids lourds ont même envahi les tunnels.
Nous arrivons à la frontière et un orage nous accueille. Un garde frontière turc prend une photo de nous trois. Ce n’est pas clair si c’est un contrôle ou une photo souvenir.
Nous nous abritons dans le no man’s land et déjeunons. Nous gardons notre place dans la queue de loin entre une Tofas (la marque de voiture turque défunte) qui perd de l’huile et une yaris ukrainienne. Nous obtenons notre tampon après une longue inspection de mon visage par la police géorgienne. Le manque de barbe par rapport à la photo leur semble suspect.
Et voilà nous sommes en Géorgie.
Nouveau langage, nouvel alphabet, nouvelle culture, nouvelle nourriture, nouvelle monnaie, nouveau changement d’heure, il va falloir un peu de temps pour tout assimiler.
Après quarante-trois jours et trois milles kilomètres, nous quittons donc la Turquie avec une certaine mélancolie. Nous retiendrons la multitude de sites archéologiques tous plus intéressants les uns que les autres, la nourriture excellente et peu chère. Autre conseil que nous pourrions donner: la Turquie se visite par sa campagne et non par ses grandes villes à l’exception bien sûr d’Istanbul qui est vraiment une mégalopole exceptionnelle.
La frontière passée, le paysage change radicalement, les reliefs se retranchent dans les terres et tout devient plat. Nous n’avons pas fait dix kilomètres que nous trouvons une remorque inter transports castelroussine maintenant immatriculée au Tadjikistan. La coïncidence est incroyable.
Nous arrivons à Batumi. Les décors et le climat se prêtent particulièrement au tourisme, les tours poussent comme des champignons. Nous faisons le tour de la ville qui ne compte pas plus de deux cent milles habitants mais des dizaines de gratte-ciels.
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