Nous sortons les vélos de l’entrée de l’immeuble qui nous a hébergé cette nuit. Nous mettons nos bagages en place dans la rue. Les chalands des cafés alentours interloqués par le processus viennent nous poser des questions. Par chance, il y en a un qui parle anglais et qui re-traduit à tout le monde.
Nous sommes prêts, il commence à pluvioter, forcément. Nathan nous guide vers le Décathlon de la ville car son nouveau casque ne lui paraît pas très sûr. Il utilise son téléphone comme GPS qu’il sort et range de sa poche d’imperméable à intervalles réguliers. Nous n’avons pas fait cinq cents mètres qu’il tombe de sa poche. Heureusement, le téléphone est indemne. L’effronté emploie la même stratégie de nouveau. Cinq minutes plus tard, le téléphone retombe et il roule dessus. Cette fois c’est la bonne, la dalle d’affichage est décollée.
L’achat du casque fait, nous nous remettons en route et longeons la mer noire sur quelques kilomètres. Pas le temps d’en profiter, la pluie se renforce.
Il pleut des trombes d’eau maintenant. Nous marquons une pause dans une station-service pour que l’orage passe. Trente minutes plus tard le soleil perce un tout petit peu. C’est notre signal, nous repartons. Deux kilomètres plus loin le pneu de Nicolas est de nouveau à plat. Nous commettons la grossière erreur de supposer que nous avons mal réparé la chambre à Amasya. Nous mettons donc une nouvelle chambre.
La pluie nous a bien sûr rattrapés entre temps. Nous arrivons à Terme et le pneu de Nicolas est encore crevé. Nous nous abritons sous le petit auvent d’un bâtiment. Un coup de lingette sur l’intérieur du pneu révèle un nouveau morceau de limaille de fer. L’inspection des chambres commence. Le soleil tombe, nous sortons la frontale. Le va-et-vient incessant des résidents de l’immeuble préparant la rupture du jeune nous ralentit mais mieux vaut cela que d’être sous la pluie battante.
Après une bonne trentaine de minutes, nous repartons. Le pneu est de nouveau à plat. Nous changeons de chambre pour celle que Nicolas a dans ses sacs depuis dix jours. Bien sûr, elle n’a pas été réparée. Nos souvenirs semblent nous indiquer que c’était une crevaison lente. Nous tentons le destin et repartons sans la réparer. Deux regonflages et trente kilomètres plus tard, nous arrivons dans un appartement à Unye. Nous nous consolons avec des guimauves et des réparations de chambres à air.
Les journées de merde se suivent et se ressemblent. Aujourd’hui est un nouveau record: il s’est passé huit heures quinze minutes entre notre départ et notre arrivée mais nous n’avons passé que trois heures et quarante-cinq minutes sur la selle. C’est déprimant.