Nous quittons notre nid douillet qui s’est révélé être une volière dès les premières heures du jour.
Nous n’avons pas fait un kilomètre que Nicolas fait remarquer que nous avons oublié la poubelle, demi-tour toute. Cette fois c’est la bonne. Après deux kilomètres, nous tournons à droite, vers le nord est. C’est vent de face et faux plat montant, tout ce que nous aimons.
Après plus de vingt kilomètres de calvaire, nous sommes à Alacahoyuk. C’est le site archéologique petit frère d’Hattusa que nous avons visité hier. L’attraction principale sont les tombes royales du peuple Hatti, qui précéda les hittites durant l’âge de bronze, c’est-à-dire il y a cinq milles ans. Un chien, appâté par une tartelette à la fraise, nous sert de guide.
Le village à traversé les civilisations puisqu’il fut ensuite habité par les hittites, puis les ottomans, puis les turcs, dont il a fallu déloger une partie pour laisser place aux fouilles, jusqu’à aujourd’hui.
Nous avons encore une fois filmé plusieurs vidéos qui détaillent notre visite. Nous les mettrons en ligne quand nous le pourrons.
Après la visite du site et celle du musée attenant, nous déjeunons dans le village. Nous avons le ventre plein, il est seize heures, nous avons parcouru un tout petit peu plus de vingt kilomètres.
Pour rejoindre la nationale, nous passons sur dix kilomètres de pavés. C’est notre petit Paris-Roubaix turc.
Le vent s’est enfin calmé et la route devient un très long faux plat descendant. Nous ratrappons notre retard et dévorons les kilomètres jusqu’à la zone industrielle du sud-ouest de Çorum. Toujours en descente et menant le relais, j’indique un obstacle de chaque côté de mes roues. Nathan, en seconde position, n’en indique qu’un. Nicolas, dernier, se prend l’autre. C’était une demi brique.
Prise à quarante à l’heure, elle a déchiré le pneu et la chambre à air. Nous dénombrons quatre entailles. Heureusement, la jante semble intacte. Nous sommes maintenant rôdés pour les crevaisons: la réparation du pneu et de la chambre se font en moins de vingt minutes. Un automobiliste nous propose d’ailleurs d’utiliser son compresseur. Nous refusons poliment.
Petit détour par le centre ville où nous faisons la fermeture d’un magasin pour trouver à manger. Nous repartons à l’affût d’un endroit où passer la nuit.
Le nord-est de la ville, par lequel nous sortons, monte à quatre pour cents sur dix kilomètres. En prime, une pluie fine accompagne notre ascension. Nous multiplions les arrêts qui sont autant de demeures possibles pour la nuit. Malheureusement, il y a un vice à chaque fois: pas de toit, des caméras, pas assez de place pour trois, des cadenas. Ce n’est qu’au sixième arrêt que nous trouvons notre bonheur dans ce qui semble être un squat au dessus d’étables.