Nous avons fini par trouvé un porche de ce qui semble être une maison d’expatriés après avoir tourné en rond dans la ville pendant une petite demi heure.
Nous rejoignons la nationale pour prendre notre petit-déjeuner dans une station-service. Nouvelle journée, nouvelle crevaison. Cette fois nous retrouvons une pointe dans le pneu avant de Nathan.
A défaut de bâtons, on nous met des morceaux de métaux dans les roues! Nous effectuons les réparations et commençons le regonflage. Je pars me brosser les dents puis reviens, Nicolas est toujours en train de pomper. La pompe ne fait que trente centimètres cube mais je me dis qu’il y a tout de même un problème. Je tends l’oreille et, en effet, la chambre fuit.
Nous décidons de mettre une chambre à air neuve en partant de la supposition que la rustine n’a pas fait son boulot. Dans le champ voisin, un électricien joue les équilibristes et installe une nouvelle ligne.
Il est treize heures, nous remontons sur nos vélos. Un piaf s’est laissé aller sur le GPS.
Étant donné le retard que nous venons d’accumuler et la journée qui nous attend, nous remettons les relais en place. Cette fois, Nicolas et Nathan font chacun cinq kilomètres et j’en prends dix. De cette manière, ils sont plus à même d’apprendre à gérer leur effort.
Malgré un vent de trois quarts face, nous avançons à bonne allure. Nous prenons une pause déjeuner dans une nouvelle station-service. Une petite glace nous remotive. Le pneu de Nathan est de nouveau à plat. Cette fois-ci c’est une épine qui a possiblement été collectée lorsque nous réparions la première crevaison. L’idée que nous n’arriverons jamais à Ankara aujourd’hui s’immisce dans nos esprits. C’est maintenant la troisième crevaison en deux jours. La mécanique commence à être bien huilée: les réparations sont faites en quinze minutes.
Nous approchons maintenant Ankara et la circulation se densifie. Nous allumons nos feux et phares clignotants. Telle une guirlande de Noël, nous fondons sur la banlieue à vive allure. Nous taclons la dernière bosse de la journée: cinq kilomètres à cinq pour cents de moyenne. Arrivés à mi-chemin, le pneu de Nathan montre de nouveau des signes de faiblesse. Il n’y a pas de bande d’arrêt d’urgence, nous verrons ça en haut.
Pas de réparation cette fois, cela semble être une crevaison lente. Nous regonflons et repartons pour les dix derniers kilomètres comme ça en croisant les doigts.
Nous descendons le centre ville, un groupe de chiens me course et bloque la route pour Nicolas et Nathan qui les évitent de justesse en leur gueulant dessus. Nicolas sort la bombe à poivre au cas où la situation se reproduise. Quelques hectomètres plus tard, toujours en descente, il la laisse tomber. De mon côté, je continue, n’étant au courant de rien. Je me retourne, je ne vois plus personne. Je commence à remonter la pente, je déraille. Nous nous retrouvons finalement après quelques minutes.
Enfin, nous sommes à Ankara malgré toutes les entraves que le sort a pu mettre sur notre chemin. Nous voulons fêter l’occasion et manger au restaurant. Nous sortons de la douche à vingt-et-une heures trente. Malheureusement, la plupart des restaurants ne font qu’un service à la rupture du jeûne. Le seul restaurant qui daigne nous servir veut nous refiler les restes du soir. Nous ressortons aussi vite que nous sommes entrés et finissons au macdo.