Hier soir, nous avons trouvé refuge dans un rucher abandonné. Nous avons dormi au premier après avoir déblayé les cinq centimètres de sable qui recouvraient le sol et entassé les ruches près des fenêtres pour couper le vent et ne pas être vu depuis la nationale.
Ce matin, ce sont les hirondelles, nos colocataires du dessous, qui nous ont réveillés.
Nous repartons, incognito cette fois, en quête d’une station-service. Nicolas tente de prendre une colonne de vapeur émanant d’une centrale géothermique. Il frotte la roue de Nathan qui le précède. Il perd l’équilibre. Il chute. Alertés par les bruits de rails de sécurité, Nathan et moi nous arrêtons, posons le vélo et courons vers Nicolas. Nous le retrouvons de l’autre côté du rail littéralement à l’envers: sur le dos, le vélo debout sur lui. Nous ramenons le vélo et le bonhomme du bon côté de la glissière. Tout ça pour cette photo, cela n’en valait pas la peine.
Une roue avant voilée et un porte-bidon cassé sont les seuls dégâts à déplorer. Le rail souffre, quant à lui, d’une belle marque de pneu.
Nicolas passe en tête du classement des chutes avec six. Lui qui n’était pas tombé durant les deux milles cinq cents premiers kilomètres a fait une remontada inattendue.
Nous arrivons dans une pension à Pamukkale. Direction la douche qui, après trois jours, nous semble méritée. Nous en sortons quand un orage éclate. Heureusement, il passe après une trentaine de minutes.
Pamukkale signifie château de coton en turc. La montagne qui se dresse devant nous n’est ni en coton ni enneigée, c’est du calcaire. Les sources chaudes, qui atteignent quarante-cinq degrés, contenues dans la montagne sont très riches en gaz carbonique. Ce dioxyde de carbone se libère au contact de l’air et fait précipiter du carbonate de calcium dans l’eau. Celui-ci, à son tour, vient se déposer sur les parois au fil de l’eau et forme des bassins.
Le problème étant que, pour accéder aux bassins depuis la ville, c’est dix euros par tête. Nous faisons un détour pour gagner un point de vue gratuit à travers une exploitation agricole et lançons le drone.
De détour en détour à travers la montagne, nous accédons aux bassins et aux sources chaudes.
Les grecs mais surtout les romains développèrent la station thermale de Hierapolis attenante aux bassins. Elle fut détruite en soixante par un séisme mais des ruines persistent. Une piscine thermale est d’ailleurs nommée piscine de Cléopâtre car elle s’y serait baignée et aurait convoyé cette eau jusqu’à Rome.
A force de crapahutage, nous regagnons la route puis la pension et de nouveaux éclairs font leur apparition. La foudre s’abat pendant plus de deux heures, il fait bon être en intérieur.