Direction les rives du Bosphore pour rencontrer Oguzhan, mon ami turque. Il nous invite dans un restaurant spécialisé dans l’İskender kebap.
C’est un plat traditionnel de la région de Bursa au sud d’Istanbul. C’est un pain à pita tranché sur lequel sont disposées de fines tranches de moutons nourris au thym. Le tout est accompagné de yaourt et de sauce tomate. Après le service, du beurre bouillant est versé sur le plat. Côté boisson, nous buvons du şıra. C’est du jus de raisins légèrement fermenté mais non alcoolisé. 9/10 excellent.
Le restaurant ne sert que ce plat depuis 1867. C’est le plus ancien kebab au monde.
Après quelques thés, nous prenons la direction du port pour faire un tour du Bosphore en ferry. Cela offre une perspective inédite de la ville. Nous nous rendons mieux compte de l’unicité de celle-ci: d’un côté l’Europe, de l’autre l’Asie. Des deux côtés, les quartiers sont bâtis à flan de colline.
Nous longeons la côte européenne puis anatolienne. Le vent est si fort près des rives que le ferry évite le milieu du détroit. Les mouettes sont à portée de main.
Nous remettons les pieds sur la terre ferme et nous baladons dans le quartier de Karaköy. Nous nous arrêtons à la pâtisserie Güllüoğlu. La famille Güllü, originaire de Gaziantep dans le sud-est turque, confectionne des baklavas depuis le dix-neuvième siècle de génération en génération. Cette échoppe se spécialisé dans la pistache. Sans grande surprise, les verts et marrons dominent largement la palette du magasin. Nous collectionnons le plus grand nombre de confiseries possible et les dégustons autour d’un thé. Il se consomme entre chaque friandise pour rincer le palais. Contrairement à ce que je disais à Edirne, le thé se consomme sans sucre. L’amertume contre-balance la douceur des pâtisseries.
Les dix-huit heures s’approchent, il est l’heure de récupérer nos vélos. La maintenance est soigneuse. Les vélos ont été nettoyés, les freins resserrés, le câble de dérailleur arrière de Nathan changé, les vitesses réindexées, l’usure des chaînes contrôlée. Il leur reste environ mille kilomètres dans le ventre. Nous les changerons à Ankara.
Après des au revoirs quelque peu amers, à l’image du thé que nous avons bu tout au long de la journée, nous remontons sur nos bicyclettes pour rentrer à notre appartement. Nous sommes à Istanbul, bien sûr cela commence par une côte. Nicolas arrive en haut avec l’envie de vomir. Après plus de quatre milles kilomètres, nous aurions pu croire qu’il eût gagné en cardio. Que nenni! Arrivés à destination, nous mangeons rapidement et replaçons tous nos bagages sur les vélos, exercice fort déplaisant.
Un énorme merci à Oguzhan pour cette délicieuse journée! Nous nous reverrons à Ankara, je l’espère.