Réveil tumultueux, je suis le premier à me lever direction la salle de bain et, encore en plein brouillard matinal, me retrouve nez à nez avec un cafard. Nous aurions peut-être dû nous contenter du camping sauvage.
A la manière d’un défibrillateur, le flash de l’appareil photo semble le remettre sur pattes, littéralement.
Courageux, nous nous aventurons vers le petit-déjeuner gratuit. La faim nous aveugle. Nous nous limitons au pain et à la confiture. En remontant à la chambre, je trouve un autre cafard dans l’escalier. Je le prends et le balance sur Nathan qui est sur les toilettes.
Nous prenons enfin la route et la D20. Elle n’est plus qu’en deux voies. C’est une ligne droite à travers de la tôle ondulée. Il y aura eu treize bosses. Oui, je les ai comptées. Oui, c’était ennuyeux. Un rituel se met en place. Nous arrivons en bas de la bosse. Nous ouvrons le coupe-vent. Nous arrivons en haut de la bosse. Nous rezippons le coupe-vent. Nous redescendons.
Nathan déraille en bas d’une de ces bosses, à Akalan. Il repart et un chien passe dans le trou d’un grillage et lui court après en aboyant. Un autre chien, trois fois plus petit, s’interpose et râle sur le premier pour protéger Nathan. C’est notre nouvel ami. Il roule sa bosse avec nous sur plus de deux kilomètres. Une descente arrive où nous savons que nous allons devoir le semer. Nous appuyons sur les pédales la gorge serrée, sans nous retourner.
Nos yeux piquent dans la descente, sûrement des grains de poussière dans le vent.
Au niveau d’Oklali, la D20 passe de deux à six voies. La circulation, elle, n’a toujours pas augmenté. C’est au niveau du nouvel aéroport d’Istanbul, c’est-à-dire trente kilomètres plus loin, que cela se densifie réellement. Nous apercevons la mer noire pour la première fois.
Nous quittons la D20 pour l’itinéraire bis jusqu’à ce que cela ne soit plus possible. Il est dix-huit heures, nous entrons dans la jungle urbaine stambouliote à l’heure de pointe. Les klaxons retentissent inlassablement mais nous nous frayons tout de même un chemin jusqu’à notre appartement.
Nous allons prendre quelques jours de repos à Istanbul pour découvrir la ville et retrouver un ami que je n’ai pas vu depuis quatre ans.
P.S.: la phrase de fin d’hier était “Demain, on Vize Istanbul” avec les noms de villes indiqués sur le panneau de la photo. P.P.S.: nous avons franchi les quatre milles kilomètres hier, j’avais introduit une erreur dans les comptes