Nous quittons Metsovo et cela continue de grimper. Nous suivons notre itinéraire en direction des Météores. La nationale est apparemment fermée l’hiver. La route semble avoir été déneigée récemment, nous tentons notre chance.
Après quelques kilomètres, les choses se gâtent. La route devient deux ornières et la glace apparaît.
Il reste cinq kilomètres jusqu’au sommet et il n’y a pas d’autre itinéraire mis à part l’autoroute. Nous sommes résolus à monter par cette route. La situation se détériore encore: il n’y a plus qu’une couche plane de neige.
Nous sommes sur le terrain de l’ours brun grec. C’est l’emblème de la ville de Metsovo. Nous suivons d’ailleurs le tracé d’une course à pieds de montagnes qui s’appelle “le sentier de l’ours” (ursa trail en anglais). Les ours devraient hiberner à cette époque de l’année mais nous lançons des “hey oh” réguliers et retentissants.
La couche de neige s’épaissit, j’ouvre la voie et trace un sillon et une paire d’empreintes dont Nicolas et Nathan profitent. Au fil des kilomètres, nous mettons au point une stratégie afin de moins galèrer. La main de devant ne sert qu’à diriger le vélo depuis le cintre sans aucune force afin de ne pas enterrer le vélo. La main arrière pousse et lève le vélo depuis la selle et tire parti du sillon que vient de former la roue avant. C’est une vraie épreuve de force. Après cinq pénibles kilometres de montée nous arrivons en haut. Nous sommes à mille sept cent dix mètres d’altitude et le seul point d’intérêt est une station de déneigement désaffectée, dommage.
L’épreuve continue, il y a un petit plat avant la descente. Nous nous enfonçons jusqu’au genou à chaque pas. J’ai l’impression de ne plus avancer. Nathan me ratrappe et me fait remarquer que ma roue arrière est bloquée. Un amas de neige s’est formé au niveau de mon garde-boue arrière et s’est transformé en glace. Il nous faut quelques minutes pour que la roue tourne de nouveau. Cela fait la différence et je peux de nouveau mener la troupe.
(c’est un rail de sécurité enneigé)
Nous attaquons la descente et le progrès n’est pas beaucoup plus rapide. Après six kilomètres, nous atteignons une autre station de déneigement nous commençons à entrevoir le bitume sous la neige. Nous remontons sur les vélos et entamons la descente. Il en reste mille cinq cents mètres. Résultats des courses Nicolas et Nathan tombent une fois chacun durant l’exercice.
Nous rejoignons une nouvelle route, ouverte elle. Elle est empruntée principalement par les routiers souhaitant éviter le prix de l’autoroute attenante. Nous faisons une pause déjeuner, il est quinze heures, nous avons fait trente kilomètres en quatre heures trente.
Arrivés en bas, nous faisons quelques kilomètres de plat et entrevoyons les Météores. Ce sont des pitons rocheux aux sommets desquels ont été construits des monastères orthodoxes.