Nous sortons de Vlorë par une petite montée qui nous sert d’échauffement. Avant de partir, nous nous sommes rendus compte qu’il n’y a pas de voie pavée allant dans la direction que nous souhaitons sans revenir en arrière sur trente kilomètres. Nous savons que les heures de ce bitume sont comptées, nous le savourons.

Petit à petit la chaussée se dégrade jusqu’à ce qu’elle devienne uniquement du gravier après une quinzaine de kilomètres. C’est une vraie piste de tout terrain.

Une odeur d’œufs pourris nous chatouille les narines, un panneau confirme notre ressenti.

Nous entrons dans la zone d’exploitation de l’or noir albanais: le sulfure d’hydrogène est un composant du pétrole. Les chevalets de pompage mal huilés se moquent de notre avancement ridicule avec leurs gémissements lancinants. Nous n’effleurons même pas les quinze kilomètres à l’heure.

La descente n’est pas beaucoup plus rapide que la montée car nous épargnons nos vélos au maximum en limitant notre vitesse. Les tendons dans les poignets se raidissent car les manettes de frein sont actionnées en permanence.

Nous traversons le fleuve Vjosë accompagnés de bergers faisant paître leurs troupeaux. Petit à petit, l’état de la route s’améliore jusqu’à rejoindre la nationale qui est en parfait état. Nous avons parcouru trente-trois kilomètres en plus de deux heures.

Nous ne sommes pas au bout de nos peines. Certes la route est belle mais elle grimpe: trois cents quatre-vingt mètres de dénivelé positif sur neuf kilomètres font office de fête de bienvenue sur la nationale. Heureusement, nous sommes récompensés par une descente dans la vallée entourée de pics enneigés.

Ce soir c’est penne devant la télé.