Il est six heures quarante, l’appel à la prière du levée de soleil retentit dans la ville pendant un bon quart d’heure. Il est suivi des pleurs d’un nourrisson qui, comme nous, ne semble pas être habitué au réveil aux aurores. Nous prolongeons notre nuit jusqu’à huit heures. La journée s’annonce longue avec les cent kilomètres qui nous séparent de la capitale albanaise Tirana.
Nous rejoignons la nationale, il y a très peu de vent, le soleil brille, le tarmac est en parfait état, les gens nous encouragent. Les conditions sont idéales, nous enchaînons les kilomètres à plus de trente à l’heure. L’homme et la machine, le sujet et l’objet, ne font qu’un.
Malheureusement, toutes les bonnes choses ont une fin: la nationale se transforme en autoroute pour une vingtaine de kilomètres. Nous sommes redirigés vers les petites routes et traversons des villages. Nous faisons connaissance avec la spécialité locale: des dos d’ânes en bitume sans panneau ni marquage au sol. Autant dire qu’ils sont invisibles avant d’avoir la roue avant dessus. Nous sommes malmenés jusqu’à trouver des automobilistes du coin qui nous servent d’éclaireurs.
Nous re-rejoignons la nationale une fois la portion d’autoroute terminée. Malheureusement, elle n’est pas dans l’état dans laquelle nous l’avions laissée. Nous sommes pris au piège dans un tourbillon ininterrompu de nids-de-poule et autres ornières. La situation s’empire au fur et à mesure que nous nous rapprochons de Tirana.
Dès la banlieue, nous faisons face aux automobilistes peu scrupuleux en plus de la chaussée en piteuse état. Une audi me coupe la route en sortant de stationnement et me cache des rails de tramway désaffectés. Forcément, mon pneu se loge dedans et mon vélo tombe. Par chance, le vélo est indemne. Nous nous faufilons parmi les embouteillages et atteignons finalement le centre ville. Les quinze derniers kilomètres ont été plus éprouvants que les quatre-vingt cinq premiers.
L’eau du robinet n’est plus potable, nous achetons une bouteille de dix litres pour l’équivalent d’un euro. Les provisions faites nous déambulons dans la ville qui est décorée pour la Saint-Valentin. Malheureusement, la pyramide, qui est l’attraction principale de la ville, est fermée pour travaux. Même en sautant par dessus les barrières opaques de deux mètres de haut, nous n’apercevons que de maigres détails. Dommage.
Cette nuit c’est bouchons d’oreilles!