Nathan semble aller mieux, nous tentons de tabler sur une journée normale.
On quitte l’hôtel en descendant les vélos par les escaliers, ça devient une habitude. Mon pied glisse sur une marche, mon talon et mon genou s’encastrant dans la roue arrêtent ma glissade. La journée commence bien.
La route d’aujourd’hui commence directement par deux bosses, une manière indirecte de jauger l’état de forme de Nathan. Pour l’instant, tutto bene.
Nous descendons sur Chiavari où les samedis sont jours de marchés et goûtons une spécialité de la Toscane voisine, les brigidini, une chips à l’anis qui est faite en continu par une petite machine. Le procédé est intéressant, le goût un peu moins.
Nous déjeunons sur place dans un petit restaurant: pâtes à la bolognaise, salade de patates au cabillaud et lasagnes de légumes, le tout pour cinq euros, une affaire.
Nous passons Sestri Levante et attaquons le gros morceau du jour: le col de Bracco “culminant” à 615m dont l’ascension dure quinze kilomètres.
La montée semble infinie, nous envisageons le camping sauvage sur le bas-côté mais la pente est raide et exposée plein nord donc froide et humide.
Nous arrivons en haut rincés après moult efforts et pauses en-cas.
La nuit tombe, nous rajoutons une couche pour la descente qui dure dix kilomètres. Nous nous arrêtons à mi-chemin frigorifiés, nos doigts n’arrivent plus à actionner les manettes de frein. Étant donné le froid, nous votons pour une nuit au chaud, pas de camping sauvage.
Nous réservons une chambre et finissons la descente, nous manquons une épingle et nous dirigeons dans la mauvaise direction. Après quelques centaines de mètres, l’erreur devient apparente, nous rectifions notre itinéraire et rebroussons chemin.
Un panneau dans une descente me fait freiner pour pouvoir orienter ma lampe, qui est en train de s’éteindre, et le déchiffrer. Au même moment, Nathan prend un insecte pleine tête et, dans l’obscurité, ne me voit pas freiner. Il manque de me rentrer dedans, par panique bloque ses roues et glisse sur une dizaine de mètres, le rail de sécurité l’arrête. Par chance, son sac de fourche droit et le pare-vent du réchaud qu’il contenait ont fait office d’amortisseurs et il n’y a aucun dommage corporel ou matériel à déplorer.
Nous naviguons les panneaux dans le noir et arrivons à bon port dans le quartier historique de Brugnato. Le propriétaire nous présente la chambre et, lorsque vient le moment de descendre pour remonter les vélos, je me prends un encadrement de porte sur le dessus de la tête. Les étoiles tournent, je mets quelques dizaines de secondes à m’en remettre. Décidément, les hôtels ont une dent contre moi!
Avec les montées de la journée, nous dépassons les 4807m du Mont Blanc.